Mariama Conteh est une promesse pour la peinture figurative. Après des études à Sciences Po Paris et au Mount Holyoke College dans le Massachusetts, elle achève aujourd’hui son cursus aux Beaux-Arts de Cergy. Par le dessin, la photographie, la performance, mais surtout la peinture, qu’elle pratique en virtuose du trait, de la couleur et du cadrage, elle poursuit et renouvelle ses engagements de toujours. Inspirée en particulier par l’afro-féminisme d’Angela Davies, elle inscrit son travail au sein d’une réflexion collective sur les pratiques diasporiques, notamment au sein du collectif Transplantation, fondé par l’auteure, curatrice et éditrice Amandine Nana. Pour Mariama, qui se définit volontiers comme « peintresse », il n’y a pas de séparation entre amitié, engagement, pratique picturale. Militantisme et exploration plastique sont intimement liés parce qu’elle s’y implique sans réserve, à corps et pinceau perdus. C’est sans doute ce qui donne à ses huiles, qu’elles soient sur toile de lin, papier, journal ou sac poubelle, leur force indissociablement plastique et humaine. Centrée d’abord sur les visages, inscrits en gros plan et cadrage resserré sur tous types de supports, sa peinture se donne aujourd’hui la liberté de prendre du champ, jouant avec l’épaisseur visuelle, les possibilités de décentrement et la puissance d’émouvoir de son médium pour brouiller le regard et l’inviter à regarder, à travers les apparences, au-delà. Animées par une touche qui fait exploser le pouvoir vibratile de la couleur, les images de Mariama ouvrent le regard non lui imposant un sens prêt à l’emploi, mais en l’incitant à se laisser absorber. Toutes les difficultés du réel sont là, dépeintes sans la complaisance de narrations entendues, avec un naturel corrosif, parfois une certaine dose d’onirisme malgré tout, toujours une charge d’émotion sans filtre. Lorsqu’elle peint, Mariama constate, raconte, témoigne ; voilà tout. Comme elle le dit : « Je raconte toujours les histoires à problèmes, des problèmes qui reviennent toujours : les angoisses, l’argent, le contexte politique anxiogène, les sales petits mecs, la ville, la nuit… ».